Au Québec et au Canada, il existe différentes appellations pour parler des espèces à statut particulier. Ici le terme à statut particulier englobe toutes les espèces dont la survie de la population est jugée plus ou moins précaire.

Au Canada, c’est en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) que la liste des espèces à statut particulier est faite. Cette liste est divisée en cinq catégories du moins à risque au plus à risque; les espèces préoccupantes, les espèces menacées, les espèces en voie de disparition, les espèces disparues du pays et les espèces disparues.

Au Québec, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV) comprend quant à elle deux statuts officiels. Les espèces relativement à risque sont placées dans la catégorie des espèces vulnérables et les espèces plus à risque sont catégorisées parmi les espèces menacées. En plus de ces deux statuts officiels s’ajoute une liste d’espèces susceptibles d’être vulnérables ou menacées.

Selon la classification Québécoise, 46 espèces à statut particulier se retrouvent sur le territoire de la zone de gestion intégrée de l’eau du COBALI. Parmi celle-ci, 25 sont des espèces fauniques, dont 2 sont des espèces désignées comme menacées, 6 sont vulnérables et 17 sont susceptibles d’être menacées ou vulnérables. On y compte, 9 espèces aviaires, 6 reptiles, 1 amphibien, 5 poissons et 4 mammifères.

Parmi ces espèces fauniques possédant un statut particulier présentes sur la zone de gestion du COBALI, certaines d’entres elles sont plus remarquables que d’autres!

 

Petit Blongios

Le petit blongios (Ixobrychus exilis), autrefois connu sous le nom de petit butor, est un petit échassier au même titre que le grand héron. La calotte et le dos, noirs chez le mâle et plus pâles chez la femelle, contrastent avec le corps chamois. La population nicheuse du Québec totaliserait environ 200 à 300 couples qui sont très localisés. L’espèce est considérée vulnérable au Québec. Le petit blongios niche dans des marais et des marécages d’eau douce dominés par des plantes aquatiques émergentes, particulièrement les quenouilles ainsi que par des arbustes et des zones d’eau libre. Il affectionne particulièrement les milieux humides où le niveau de l’eau varie peu durant l’été. Dans l’ensemble de son territoire, la perte d’habitats de nidification en raison de la destruction des milieux humides est la plus importante menace qui pèse sur le petit blongios. Dans la zone de gestion du COBALI, le petit blongios a été signalé dans les milieux humides bordant la rivière des Outaouais.

 

Tortue des bois

La tortue des bois (Glyptemys insculpta) est considérée vulnérable au Québec. Sa dossière est brunâtre tirant parfois sur le gris tandis que le plastron est jaune avec des taches noires. On la distingue bien par son cou et ses pattes de couleur orange. La répartition de cette tortue est associée aux rivières sinueuses avec un fond sablonneux et graveleux. Étant la plus terrestre des tortues du Québec, elle passe l’été dans les boisés clairsemés et les parterres de coupe forestière, à proximité de plans d’eau où elle retourne au besoin pour régulariser sa température corporelle. Au Québec, les principales menaces pour la survie de l’espèce sont la dégradation et la destruction de son habitat, l’accroissement de l’activité humaine (dérangement), la mortalité accidentelle (routes, machinerie agricole), la destruction des nids par des prédateurs et la capture d’individus à des fins de collection et de commerce. Dans le bassin versant de la rivière du Lièvre, la tortue des bois a été signalée à divers endroits dispersés à proximité de la rivière du Lièvre et le long de petits cours d’eau. Les mentions sont à Lac-du-Cerf, Kiamika (rivière François), Mont-Laurier, Ferme-Neuve (ruisseau Tassé et possiblement à la Chaîne), Sainte-Anne-du-Lac (ruisseau Rabot) et Lac-Saint-Paul.

 

Fouille-roche gris

Le fouille-roche gris (Percina copelandi) est un petit poisson de fond entre 40 et 65 mm de long qui appartient à la famille des percidés. Il est de couleur sable ou olive pâle, avec des mouchetures brunes sur le dos. Des petites taches brunes peuvent être observées sur les flancs. Les deux nageoires dorsales, l’une épineuse et l’autre à rayons mous, sont bien séparées. Au Québec, l’espèce est à sa limite nord de son aire de répartition mondiale. Les populations sont localisées dans les tributaires du haut Saint-Laurent notamment dans neuf rivières situées en Outaouais. Son régime alimentaire se compose essentiellement d’insectes, mais aussi d’algues et de débris. Il fréquente les cours d’eau de moins de 60 cm de profondeur et dont la qualité de l’eau est bonne, avec des vitesses de courant modérées et des substrats grossiers de matériaux mixtes. L’état des populations de fouille-roche gris au Québec n’est pas très bien connu, mais les données disponibles laissent présumer une diminution des effectifs. Les activités agricoles intensives et l’urbanisation occasionnent la dégradation progressive de son habitat. L’espèce serait particulièrement sensible à la turbidité, à l’envasement, aux contaminants et aux substances toxiques, ainsi qu’à la charge excessive en éléments nutritifs. Parmi les autres menaces connues et présumées au fouille-roche gris on compte la perte ou la destruction de la végétation riveraine, la propagation d’espèces exotiques et de maladies. Le fouille-roche gris a été recensé grâce à des pêches expérimentales dans le tronçon le plus en aval de la rivière Blanche, en aval du barrage de Thurso, de même que dans la rivière des Outaouais.

 

Omble chevalier oquassa

L’omble chevalier (Salvelinus alpinus), parfois surnommé truite rouge, est un poisson de la famille des salmonidés dont l’apparence peut facilement être confondue avec l’omble de fontaine. Il est représenté au Québec par deux sous-groupes. L’un se trouve en abondance au Nord du 55e parallèle, il s’agit du sous-groupe anadrome qui descend vers la mer au printemps et remonte les rivières à l’automne pour frayer. L’autre est surtout rencontré plus au sud et regroupe les individus qui demeurent constamment en eau douce. Les populations du sud du Québec sont isolées en eau douce dans certains lacs froids et clairs depuis le retrait des glaciers (sous-espèce oquassa). Elles constituent un vestige des populations anadromes qui vivaient jadis dans la mer de Champlain et l’océan Atlantique, il y a environ 12 000 ans. Les populations d’omble chevalier captives des lacs représentent une grande valeur sur le plan génétique et patrimonial et témoignent de la capacité d’évolution des espèces. L’omble chevalier d’eau douce du sud du Québec (sous-espèce oquassa) est sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables. La disparition de l’espèce dans plusieurs lacs du sud du Québec au cours du
dernier siècle a mené à ce verdict. La destruction de l’habitat (eutrophisation des plans d’eau),
l’introduction d’espèces compétitrices, l’acidification des lacs et la sédimentation sur les frayères
causent en majeure partie ce déclin. Dans le bassin versant de la rivière du Lièvre, l’omble chevalier oquassa est signalé dans sept lacs de villégiature, principalement situés dans les municipalités de Val-des-Monts et de Denholm. Deux autres lacs sont situés à Kiamika, dans deux pourvoiries à droits exclusifs.

 

Cisco de printemps

Le cisco de printemps est une population de cisco de lac (Coregonus artedi), mais contrairement à ce dernier, qui fraye à l’automne, le cisco de printemps fraye au printemps. Au Canada (et possiblement dans le monde), la seule population connue du cisco de printemps vit dans le lac des Écorces, situé dans la municipalité du même nom et à Mont-Laurier. Il s’agit donc du seul animal endémique au bassin versant. Depuis sa découverte en 1981, cette population a connu un déclin spectaculaire au cours des 15 dernières années. Les pêches expérimentales menées depuis plus de 25 ans dans le lac des Écorces font ressortir que la population baisse depuis 1987. Selon des données disponibles, il existe une forte probabilité que la population ait connu un déclin supérieur à 50 % au cours des 3 dernières générations, entre 1994 et 2008. Lors des dernières pêches expérimentales de 2008 et 2016, ont permis de confirmer la présence de l’espèce, mais pas l’abondance. La présence de l’éperlan arc-en-ciel, une espèce introduite, de même que la dégradation de l’habitat constituent les principales menaces pour le cisco de printemps. Le cisco de printemps fait partie des « espèces menacées ou vulnérables susceptibles d’être ainsi désignées » d’après la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. Cependant, au niveau fédéral, l’espèce a été désignée comme « espèce en voie de disparition » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en raison de la diminution des indices d’abondance, de sa faible aire de répartition et du caractère endémique de la population.

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